4

 

 

 

Au matin, pas un souffle de vent. Le soleil se leva dans un ciel semblable à un œuf d’oiseau : beige et gris colombe à l’horizon, gris bleuté au zénith.

Le petit déjeuner se composait comme d’habitude de pain grossier, de poisson salé, de fruits de conserve et de thé âcre. Les convives mangèrent en silence, chacun plongé dans ses pensées matinales.

La Fleur de Cath arriva en retard. Elle se glissa à pas lents dans la salle à manger, s’installa à sa place avec un sourire poli à sa droite et à sa gauche et attaqua son repas, perdue dans une sorte de rêverie. Dordolio l’observait avec perplexité.

Le capitaine passa la tête dans l’entrebâillement de la porte.

— La journée sera calme, annonça-t-il. Ce soir, il y aura des nuages et de l’orage. Demain ? Impossible de le prévoir. C’est un temps singulier !

Reith, qui était irrité, se forçait à avoir son comportement habituel. Aucune raison de s’inquiéter : il n’avait pas changé. C’était Ylin-Ylan qui avait changé. Même quand ils étaient tous les deux au mieux de leurs relations, elle gardait secrète une partie d’elle-même. Était-ce une persona représentée par un autre jeu de ses multiples noms ? Le Terrien s’efforça de chasser la jeune fille de ses pensées.

Dès qu’elle eut terminé, Ylin-Ylan, sans perdre de temps, sortit sur le pont, où Dordolio la rejoignit. Tous deux s’accoudèrent à la rambarde. La jeune fille parlait avec une animation fébrile ; son compagnon, tirant sur sa moustache, glissait parfois un ou deux mots.

Soudain, un matelot, posté sur la plage avant, lança un cri et désigna quelque chose sur la mer. Reith bondit sur l’écoutille et il aperçut une forme noire qui flottait à la surface des eaux. Elle possédait une tête, des épaules étroites et avait quelque chose d’inconfortablement humain. Puis la créature fit un bond et, plongeant, disparut aux regards. Reith se tourna vers Anacho.

— Qu’est-ce que c’était ?

— Un Pnume.

— Si loin de la terre ?

— Et alors ? Ils sont comme les Phung. Qui obligerait un Phung à rendre compte de ses faits et gestes ?

— Mais que fait-il ici, au milieu de l’océan ?

— Peut-être qu’il se laisse dériver la nuit à la surface en regardant courir les lunes.

Les heures passèrent. Traz et les deux filles aux cheveux orange jouèrent aux palets. Le marchand lisait un livre relié de cuir. Palo Barba et Dordolio firent un peu d’escrime. Selon son habitude, le Yao plastronnait, faisait siffler sa lame dans l’air, battait du pied, agitait les bras. Bientôt, son partenaire se lassa. Ylin-Ylan s’approcha et s’assit sur l’écoutille tandis que Dordolio, debout, éprouvait la souplesse de sa lame. Il se tourna vers Reith.

— Prenez un fleuret, nomade, et montrez-moi donc comment on est habile dans votre steppe natale !

Ces mots éveillèrent instantanément la méfiance du Terrien.

— Nous sommes très peu habiles. De plus, j’ai perdu mon entraînement. Un autre jour, peut-être.

— Allez, venez ! insista Dordolio dont les yeux étincelaient. J’ai entendu parler de votre adresse. Vous n’allez pas refuser de nous faire une démonstration de votre technique !

— Excusez-moi mais je n’en ai pas envie.

— Mais si, Adam Reith ! intervint Ylin-Ylan. Si tu n’acceptes pas, tu nous décevras tous !

Reith se tourna vers elle et l’étudia longuement. Ce visage tendu, blême et frémissant d’émotion, n’était pas celui de la jeune fille qu’il avait connue à Pera. Quelque chose avait changé en elle : c’était le visage d’une étrangère.

Il reporta son attention sur Dordolio qui, de toute évidence, obéissait aux instructions de la Fleur de Cath. Reith ignorait ce qu’ils avaient comploté, mais ce n’était sûrement pas à son avantage.

Palo Barba intercéda :

— Laissez ce garçon tranquille. Nous allons tirer encore tous les deux. Comme cela vous aurez tout l’exercice dont vous avez besoin.

— Mais je veux me mesurer avec ce type ! Son attitude est exaspérante et une petite correction ne lui fera pas de mal.

— Si vous avez l’intention de lui chercher querelle, c’est, bien sûr, votre affaire, répliqua sèchement Palo Barba.

— Il ne s’agit pas de querelle, affirma Dordolio d’une voix claironnante et un tantinet nasillarde. Une démonstration, disons. Ce personnage semble confondre la caste de Cath avec la roture. Or, c’est loin d’être la même chose et je désire le lui faire comprendre.

Reith se leva d’un air las.

— Fort bien. Avec quoi envisagez-vous de faire votre démonstration ?

— Le fleuret, l’épée… comme vous voudrez. Puisque vous ne savez rien des rites de la chevalerie, nous nous en passerons. Un simple « Allez ! » suffira.

— Et « stop » ?

Dordolio ricana derrière sa moustache.

— Il en ira selon les circonstances.

— Parfait. (Reith se tourna vers Palo Barba.) Autorise-moi à jeter un coup d’œil sur tes armes, s’il te plaît.

L’interpellé ouvrit son étui et Reith choisit une paire de lames courtes et légères.

Dordolio haussa les sourcils dans une mimique de dégoût.

— Ce sont des armes d’enfant dont on se sert pour l’entraînement des petits garçons !

Reith souleva l’une des épées, en éprouva la souplesse.

— Cela me convient parfaitement. Si ces épées ne vous plaisent pas, prenez celle que vous voudrez.

Le Yao empoigna la légère épée de mauvaise grâce.

— Elle n’a aucune vie ! C’est un instrument qui n’a ni ressort ni mobilité…

Reith leva l’arme et, d’un coup de plat, fit basculer le couvre-chef de Dordolio.

— Mais qui répond bien et qui est pratique à l’usage, comme vous pouvez vous en rendre compte.

Dordolio ne fit pas de commentaires. Il repoussa le chapeau qui était tombé sur ses yeux et retroussa les poignets de son blanc pourpoint de soie.

— Prêt ?

— À votre disposition.

D’un geste plein de panache, Dordolio salua de l’épée et s’inclina à droite et à gauche. Reith recula.

— Je croyais qu’il avait été décidé de laisser tomber le cérémonial ?

Le Yao se contenta de répondre par un sourire qui révéla ses dents et engagea le fer avec un de ces jeux de pieds dont il était coutumier. Reith para sans difficulté, fit une feinte et, profitant de ce que l’autre était déséquilibré, il entailla l’une des agrafes qui retenaient le pantalon de Dordolio.

Ce dernier rompit et repartit à l’attaque. Son rictus avait fait place à un sourire sinistre. Il attaqua furieusement, pointant, bourrant, testant son adversaire, qui réagissait mollement. Écartant la lame de Reith, il se fendit soudain mais le Terrien avait déjà sauté de côté et l’épée de Dordolio ne rencontra que le vide. Reith frappa d’estoc et, cette fois, l’agrafe du pantalon céda.

Dordolio recula, l’air mauvais et, sans désemparer, Reith trancha net la boucle : le pantalon du Yao se mit à faire des plis.

Il battit en retraite, rouge de fureur, et lança son épée au loin.

— Ce sont là des joujoux ridicules ! Prenez donc une véritable épée !

— Servez-vous de celle que vous préférez. Moi, je garde celle-là. Mais je vous conseille de commencer par rattacher votre pantalon. Sinon la situation risque de devenir gênante pour vous comme pour moi.

Dordolio s’inclina sèchement, mais avec grâce. Il s’éloigna et fixa son pantalon et sa ceinture à l’aide de courroies.

— Je suis prêt. Puisque vous insistez et que j’ai l’intention de vous donner une leçon, je vais me servir de l’arme dont j’ai l’habitude.

— À votre guise.

Dordolio sortit du fourreau la lame longue et souple, fit un moulinet au-dessus de sa tête et, après avoir adressé un signe du menton à Reith, il chargea. La pointe flexible oscillait de droite à gauche. Le Terrien l’évita et, négligemment, presque comme par hasard, il effleura du plat la joue de son adversaire.

Dordolio tressaillit et, piaffant, chargea de nouveau avec fureur. Reith céda du terrain. Le Yao le harcela avec force contre-appels, se fendant, frappant d’estoc et de taille. Le Terrien se contentait de parades. Il souffleta de nouveau Dordolio sur l’autre joue, puis rompit.

— Je suis à bout de souffle. Peut-être avez-vous suffisamment d’exercice pour aujourd’hui ?

Dordolio, pétrifié, le foudroya du regard. Ses narines étaient dilatées, sa poitrine se soulevait et s’abaissait avec effort. Il tourna son regard vers la mer, poussa un profond soupir.

— Oui, fit-il d’une voix atone. Nous avons fait assez de sport comme cela.

Il jeta un coup d’œil à sa rapière incrustée de pierres précieuses et, sur le moment, les spectateurs crurent qu’il allait la lancer à l’eau. Finalement, il la remit au fourreau et salua Reith.

— Vous avez une excellente technique. Je vous suis reconnaissant de cette démonstration.

Palo Barba s’approcha.

— Voilà qui est parlé ! C’est digne d’un vrai chevalier de Cath ! Maintenant, assez d’épées ! Assez de métal ! Prenons donc un gobelet de vin matinal !

— Attendez-moi un instant, fit Dordolio qui regagna sa cabine.

La Fleur de Cath, immobile, semblait pétrifiée. Heizari apporta une coupe à Reith.

— J’ai une idée merveilleuse.

— Laquelle ?

— Vous débarquerez à Wyness et vous viendrez à la Colline des Vergers pour seconder mon père à son académie d’escrime. Ce sera une vie agréable et sans soucis. Vous n’aurez rien à redouter.

— Voilà une séduisante perspective, répondit Reith. Je me laisserais bien tenter. Seulement, j’ai des responsabilités.

— Laissez-les tomber ! Les responsabilités ont-elles tant d’importance alors qu’on n’a qu’une seule vie ? Mais non, ne dites rien ! (Elle posa sa main sur la bouche du Terrien.) Je sais ce que vous allez répondre. Vous êtes un homme singulier, Adam Reith. Tout à la fois inquiétant et gentil… Oui, vous êtes un homme étrange.

— Je ne trouve pas. C’est Tschaï qui est étrange. Moi, je suis quelqu’un de parfaitement ordinaire.

Heizari se mit à rire.

— Certes pas ! Tschaï est… (Elle fit un geste indécis.) Elle est parfois terrible. Mais étrange ? Je ne connais rien d’autre. (Elle se leva.) Tenez, je vais vous verser encore du vin. Et peut-être en boirai-je, moi aussi. Que faire d’autre par une si belle journée ?

Le capitaine, qui passait par là, s’arrêta.

— Profitez du calme tant que nous en bénéficions. Les vents vont se lever. Regardez au nord !

Un banc de nuages sombres barrait l’horizon. En dessous, la mer miroitait comme du cuivre. Une brise singulièrement fraîche les caressa soudain, les voiles du Vargaz claquèrent et les gréements grincèrent.

Dordolio émergea de sa cabine. Il s’était changé. À présent, il portait un costume marron, des bottes de velours noir et était coiffé d’un chapeau pointu assorti à celles-ci. Il se mit à la recherche d’Ylin-Ylan. Où était-elle ?

Elle était accoudée à la rambarde du gaillard d’avant et contemplait la mer. Le Yao hésita et tourna lentement les talons. Palo Barba lui tendit un gobelet. Dordolio, silencieux, alla s’asseoir sous la haute lanterne de cuivre.

Les nuages glissaient vers le sud. De temps en temps luisaient des éclairs pourpres. Bientôt, de sourds roulements de tonnerre parvinrent aux oreilles des passagers. On ferla les voiles pour ne garder qu’un petit foc en prévision de la tempête. La felouque avançait à allure réduite.

Le coucher du soleil fut un spectacle impressionnant : l’astre brillait d’une lueur fauve derrière les nuages noirs.

La Fleur de Cath quitta son poste d’observation. Elle était entièrement nue. Elle s’immobilisa et passa en revue les visages éberlués de ses compagnons de voyage. D’une main, elle tenait un pistolet à dards et, de l’autre, une dague. Un étrange sourire fixe jouait sur ses lèvres. Un sourire que Reith, qui avait eu l’occasion d’observer Ylin-Ylan dans de multiples circonstances, ne reconnaissait pas. Dordolio poussa un cri inarticulé et se précipita vers elle en courant.

Elle pointa son pistolet sur lui. Il fit un écart et le projectile passa en sifflant à quelques centimètres de sa tête. Ylin-Ylan fouilla le pont du regard. Repérant Heizari, elle marcha sur elle, l’arme prête. La jeune fille aux cheveux orange hurla de terreur et alla se réfugier derrière le mât principal. Les éclairs se pressaient entre les nuages, baignant la scène de leur lueur empourprée. Dordolio se rua en avant. La Fleur de Cath l’accueillit d’un coup de dague et le Yao recula en titubant. Du sang jaillissait de son cou. Ylin-Ylan braqua son pistolet et Dordolio se jeta à plat ventre derrière l’écoutille. Heizari s’élança en direction de la plage avant, poursuivie par la Fleur de Cath. Un homme d’équipage apparut au même moment et se figea sur place, stupéfait. Ylin-Ylan lui taillada le visage et le marin alla chercher refuge au fond de la coursive.

Heizari était derrière le mât avant. Un éclair embrasa le ciel, immédiatement suivi d’un coup de tonnerre.

Ylin-Ylan fit le tour du mât, jouant avec dextérité de sa lame. La jeune fille aux cheveux orange porta la main à son flanc et fit quelques pas mal assurés, une expression d’étonnement peinte sur les traits. La Fleur de Cath leva son pistolet, mais Palo Barba était là : d’un coup sec, il expédia l’arme au loin et elle retomba sur le pont avec un bruit métallique. Ylin-Ylan blessa Barba, blessa Reith qui essayait de l’immobiliser, et elle gravit précipitamment l’échelle du beaupré dont elle entreprit l’ascension.

Les vagues secouaient le bâtiment ; le mât de beaupré se redressait puis piquait du nez. Le soleil sombra dans la mer et la Fleur de Cath se tourna pour le regarder, se cramponnant d’un bras à l’étai de misaine.

— Redescends ! l’implora Reith. Redescends !

Son regard s’abaissa sur lui. Son expression était lointaine.

— Derl ! reprit le Terrien, Ylin-Ylan !

Elle ne semblait pas l’entendre. Reith essaya ses autres noms :

— Fleur de Jade Bleu ! (Il essaya son nom de cour :) Shar Zarin !

Elle se borna à lui adresser un sourire désenchanté.

Pour l’amadouer, Reith l’appela par son nom d’enfant :

— Zozi… Zozi… redescends !

La physionomie de la jeune femme se modifia. Elle se colla davantage contre le mât, l’étreignant de ses deux bras.

— Zozi ! Pourquoi ne me réponds-tu pas ? Allez, sois gentille et descends !

Mais l’esprit d’Ylin-Ylan était loin, très loin. Il était là-bas, à l’endroit où le soleil se couchait.

Reith l’appela alors par son nom secret :

— L’Iae ! Reviens ! C’est Ktan qui t’appelle, L’Iae !

Elle secoua la tête, les yeux toujours fixés sur la mer.

Reith essaya le dernier nom, bien qu’il roulât bizarrement sur ses lèvres – son nom d’amour – mais le tonnerre noya sa voix et elle n’entendit pas. Le soleil n’était plus qu’un arc de cercle perdu dans une mer de couleurs estompées. La Fleur de Cath se détacha du mât et plongea dans les flots. Il y eut une gerbe d’écume. L’espace d’un instant, Reith crut apercevoir la spirale de sa noire chevelure. Puis il n’y eut plus rien.

 

Plus tard, dans la soirée, alors que le Vargaz montait à l’assaut des lames pour retomber comme une masse dans le creux des rouleaux, Reith posa une question à Ankhe at afram Anacho, l’Homme-Dirdir :

— A-t-elle simplement perdu la raison – ou était-ce l’awaïle ?

— C’était l’awaïle. Le refuge contre l’humiliation.

— Mais…

Reith laissa inachevée sa phrase qu’il compléta d’un geste vague : il était incapable de parler.

— Tu as flirté avec la fille des Îles des Nuages, reprit Anacho, et son chevalier servant s’est couvert de ridicule. Dès lors, elle était vouée à l’humiliation. Elle nous aurait tous massacrés si elle l’avait pu.

— Je n’arrive pas à comprendre, murmura le Terrien.

— Évidemment ! Tu n’es pas un Yao. La pression était trop forte pour la princesse Jade Bleu. Elle a eu de la chance. À Settra, son châtiment aurait été l’exécution publique par la torture.

Reith regagna le pont en tâtonnant. La lanterne de cuivre qui se balançait grinçait. Il contempla la mer en tumulte. Quelque part, très loin et très profond, un corps blanc flottait dans les ténèbres.

Le Wankh
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